ARCHIVES
2023/
2024
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
2023/
2024
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
Charline Dally, le disque de poussière (2023), verre thermoformé. Production par Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains.
RENCONTRE AVEC L'ARTISTE 01.06 & 15.06 Charline Dally sera à la galerie pour échanger avec vous au sujet de son exposition. VISITES SOMATIQUES 08.06 & 15.06, 11h - 12h Découvrez this womb of things to be à travers une médiation somatique faisant appel au mouvement et aux sensorialités individuelles et guidée par Audrée-Jade Ravary. Gratuit et ouvert à tous les publics RSVP obligatoire, places limitées + |
THIS WOMB OF THINGS TO BE
Charline Dally 02.05 - 15.06 Vernissage - 02.05 à 18 h « il y a encore des graines à cueillir, et de la place dans le sac des étoiles » [1] Le travail de Charline Dally mêle approche scientifique et réflexion poétique pour tenter de déchiffrer les messages gravés dans des fragments de pierres lunaires datant de centaines de millions d’années. this womb of things to be se veut le réceptacle d’une archéologie du futur, une fouille géologique à l’échelle de l’infime pour repenser notre rapport aux minéraux, et plus globalement, au vivant. le disque de poussière allie des documents d’archives scientifiques, des modélisations en 3D et des commentaires de Hugues Leroux, chercheur en astrominéralogie, et d’Anne-Marie Blanchenet, ingénieure. Le filmprésente ces géolinguistes [2] alors que leurs tentatives d’interpréter l’information gravée dans la roche se heurtent parfois aux limites de leurs outils technologiques. Si l’observation microscopique de particules de météorites permet de comprendre leur structure, elle révèle aussi la fragilité du message gravé dans la matière, sous forme de lignes et courbes évoluant au gré des impacts et des changements thermiques. Les images de ces écritures s’animent afin de réfuter le caractère inerte du minéral : l’eau présente dans l’univers infiltre ces blessures et suture les plaies grâce à ses propriétés cicatrisantes. Inspirée par ce comportement résilient, Charline Dally propose une étude sémantique pour traduire, lire, puis narrer les récits des poussières qui sous-tendent la création et l’évolution du système solaire, dévoilant ainsi le vécu de ce qui nous apparaît figé, le mouvement dans la fixité. Pour prolonger notre immersion dans cette installation intimiste aux tissus flottants, des micas disposés sur des assises aux formes organiques constellent la salle. Ces entités requièrent une écoute attentive de leur prose silencieuse. Rappelant la théorie du récipient d’Ursula K. Le Guin, l’espace de Diagonale contient this womb of things to be, une sculpture en verre dont les fissures emplies d’eau renvoient à la mémoire des corps et au phénomène de guérison, facilité par la percolation de l’eau dans les interstices. Enfin, des compositions musicales à écouter dans un jukebox évoquant les multiples interprétations possibles d’une partition minérale et des archives de vues microscopiques s’ajoutent au corpus varié et sensible que Dally agence pour nous envelopper dans son univers. Face à une temporalité trop fugace pour l’esprit humain, à des unités de mesures vertigineusement abstraites, ou à la difficulté d’appréhender les prochaines découvertes exobiologiques, l’exposition en appelle à notre humilité en vue de surmonter la complexité du réel et de cohabiter, de devenir-avec [3], ensemble. Le temps creuse, façonne, il contient les traumatismes et les panse, aussi. [1] Ursula K. Le Guin, « Le Fourre-Tout de la Fiction, une hypothèse », Danser au bord du monde. Paroles, femmes, territoires. Trad. Hélène Collon, Paris, L’Éclat, 1986. [2] Ursula K. Le Guin, « L’auteur des grains d’acacia », Les quatre vents du désir. Trad. Philippe Rouillé et Martine Laroche, Paris, Press Pocket, 1988. [3] Donna J. Haraway, Vivre avec le trouble. Trad. Vivien García, Vaulx-en-Velin, Les éditions des mondes à faire, 2020. |
Vues de l'exposition "THIS WOMB OF THINGS TO BE" de Charline Dally, Diagonale, 2024 © document original
CHRYSOTILES ACTIVÉS
MATHIEU GRENIER 08.02 - 13.04 Vernissage - 08.02 à 18 h Avec, entre et au-delà, Chrysotiles Activés appréhende ce qui se tient sur le seuil : ce qui fut et ce qui adviendra. Déployées dans l’espace de Diagonale, les œuvres de Mathieu Grenier proposent une réflexion autour des concepts de liminalité et d’oscillation. À travers un corpus inédit, l’artiste examine notre époque au prisme du métamodernisme. Ce courant philosophique complexe, qui négocie tantôt avec l’enthousiasme, l’idéalisme et le progrès du modernisme, tantôt avec le cynisme, le nihilisme et l’obsolescence du post-modernisme, transparaît en filigrane de l’exposition. Les cyanotypes teints de The Monitors poursuivent la recherche expérimentale initiée par l’artiste en 2023 autour de ces procédés photographiques séculaires et du langage e-waste. Les œuvres conceptuelles allient une composition maîtrisée à un travail minutieux des conversions chimiques donnant ces colorations uniques aux tissus. Le cryptage de l’identification des déchets électroniques et des résidus matériels sollicite une contemplation attentive des toiles qui dévoilent les traces spectrales de notre consommation effrénée par le biais d’une technique chronophage. Dès lors, la rencontre entre ces deux temporalités technologiques antinomiques permet un ancrage à la réalité de l’instant. Deux séries d’œuvres revalorisées rythment également l’exposition. Suspendus au plafond et alimentés par une batterie, des appuis-tête avec écrans intégrés diffusent des images capturées au volant. Mêlant environnementalisme désabusé et surconsumérisme conscientisé, ces images de road-trip photographiées en 35 mm attestent des contradictions de notre temps. À l’installation Chrysotiles Activés s’ajoutent les nouveaux collages numériques Crystal Gazers qui se jouent d’images anachroniques et d’une hyperconnectivité aliénante. Ils offrent une illustration aussi éloquente que satirique de notre société, à la croisée de la sincère ironie et de l’utopie pragmatique. Avec sensibilité et justesse, Mathieu Grenier fait donc état de nos préoccupations et de nos tiraillements : malgré un futur que nous savons chimérique, nous nous évertuons à chercher un sens, quitte à nous bercer d’illusions. Fonctionnant tel un oxymore, Chrysotiles Activés propose de se déposer dans cet interstice dissonant que constitue ce tout et rien, pour ainsi espérer ébranler, voire transcender, un système pétrifié. |
© Mathieu Grenier
|
Vues de l'exposition "CHRYSOTILES ACTIVÉS" de Mathieu Grenier, Diagonale, 2024 © document original
Bianca Baldi, Play-White, 2019. Vidéo couleur, son stéréo, 10 min 45 s © Bianca Baldi
|
MOMENTA x Diagonale
SEPIA BIANCA BALDI 8.09-21.10 Vernissage 8.09 à 17h L’exposition de Bianca Baldi se déploie autour de la vidéo Play-White (2019), que l’artiste présente comme une adaptation libre du roman Passing de l’écrivaine afro-américaine Nella Larsen. Dans le contexte sudafricain, l’appellation populaire « play-white » désigne une personne noire ou métissée qui, par la ruse, se fait passer pour une personne blanche. Baldi s’approprie ce lexique raciste pour engager une réflexion hybride sur l’instabilité identitaire. La vidéo juxtapose des images tournées à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie de Marseille et un récit polyphonique narré par une voix off incarnant trois voix « blanches » parfois interrompues par le chant puissant d’une doublure de Whitney Houston reprenant la chanson I Have Nothing. À l’image, le comportement d’une seiche temporairement extraite de son milieu naturel altère sa propre pigmentation en réponse aux citations extraites du roman. Exposition produite en partenariat avec Momenta. Cette exposition a reçu l’appui financier du Flanders State of the Art. |
Vues de l'exposition "SEPIA" de Bianca Baldi, Diagonale, 2023 © Mike Patten