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(IM)POSSIBLE LABOR
MARIE-ANDRÉE GODIN 11.04 - 8.06 / Vernissage 11.04, 17h L’exposition (Im)possible Labor s’inscrit dans un cycle de recherche portant sur le féminisme, la magie et le post-capitalisme. Amorcé en 2017, WWW³ (WORLD WIDE WEB / WILD WO.MEN WITCHES / WORLD WITHOUT WORK) vise à penser collectivement nos futurs. À travers un corpus relevant de l’installation et de la performance, ainsi que de pratiques artistiques dites « socialement engagées », ce cycle de recherche pose les questions suivantes : Quels liens pouvons-nous tisser entre magie et post-capitalisme? Sommes-nous capables d’imaginer une « sortie » du capitalisme et de la mettre en action? Comment l’art, la magie et la politique peuvent-ils être compris de la même manière, soit en tant qu’actions créatrices? Évoquant à la fois l’espace domestique et le travail laborieux (Im)possible Labor se veut un espace où circulent des idées concernant le travail des femmes — invisible, domestique, de soin, de reproduction — le post-capitalisme, le post-travail, les théories de l’économie féministe, la question du salaire au travail ménager, du revenu universel garanti et de la magie comme action créatrice. Soulignant les différents entrelacs entre la sorcellerie, l’artisanat, le domestique et le politique, l’exposition propose l’inclusion de certaines techniques d’artisanat, notamment de tissage et de tapisserie. Visant une réappropriation des savoirs faire et des connaissances mises en péril par le capitalisme, cette inclusion soulève des questions liées à l’opposition réelle ou imaginée du travail artisanal et du travail ouvrier, du privé et du public, ainsi que de la production et de la reproduction. AUTOUR DE L'EXPOSITION
- Journée de réflexion 13.04.19 / 13h - 16h30 Dans le cadre de (Im)possible Labor, l’artiste Marie-Andrée Godin vous convie à une journée de réflexion participative autour des enjeux soulevés par l’exposition. S’appuyant sur différents textes et convoquant des idées issues de l’économie féministe, des théories post-capitalistes et de la sorcellerie comme moyen d’action, l’artiste proposera de penser le travail des femmes et de l’art. Afin de favoriser une plus grande accessibilité, la discussion se déroulera en français et en anglais. Nous conviendrons sur place d’un mode de fonctionnement, selon les aisances et capacités de chacun.es. Merci de vous inscrire à l’avance en écrivant à [email protected] Conférence / Camille Robert Du travail ménager au travail invisible : un siècle de mobilisations féministes 18.05, 14h - 15h Depuis le début du 20e siècle, plusieurs générations de féministes se sont mobilisées pour obtenir la reconnaissance sociale, politique et économique du travail ménager. Au cours des années 1980, cette lutte a toutefois été écartée, tant des mouvements des femmes que de leur histoire. Cette conférence offrira une analyse historique des discours féministes sur le travail ménager et des débats entourant sa reconnaissance, à travers trois avenues : la socialisation, le salaire au travail ménager et les réformes gouvernementales. Cette rétrospective permettra ensuite d’aborder, brièvement, quelques-uns des défis contemporains liés au travail invisible. Camille Robert / Biographie - Camille Robert est doctorante et chargée de cours en histoire à l’Université du Québec à Montréal. Son projet de thèse porte sur les conflits liés au travail de reproduction sociale dans le contexte du tournant néolibéral de l’État québécois, à travers l’étude de trois grèves dans le secteur de l’éducation et de la santé. Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, elle s’est intéressée aux discours et aux mobilisations des féministes québécoises pour la reconnaissance du travail ménager. Ses recherches ont été publiées sous forme de livre aux Éditions Somme toute en 2017. Elle a également codirigé un ouvrage collectif sur le travail invisible des femmes au Québec, paru aux Éditions du remue-ménage en 2018. |
Vues de l'exposition "(Im)possible Labor" de Marie-Andrée Godin, Diagonale, 2019 (Image 1 © Lea Grantham). Image 3: Vue de la conférence de Camille Robert © Emmanuelle Duret.
Victor Yudaev - vue d'atelier, 2018 - Photo : © Victor Yudaev
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LES BAIGNEURS
VICTOR YUDAEV Commissariat: Néon (Fr) 18.01 - 16.03 / Vernissage 17.01, 17h Nommé en 2018 pour le prestigieux Prix de la Fondation d'Entreprise Ricard, Victor Yudaev articule son travail autour d’objets et de récits hétéroclites glanés autour de lui, dans la réalité, autant que fabriqués en lui, par son imaginaire et sa lecture du monde. Son vocabulaire formel est tout aussi varié, croisant les champs de l’artisanat (comme la sculpture sur bois, la céramique, ou la couture), de la littérature et de la musique, ainsi que l’animation numérique ou le cinéma. Tout se construit comme une « novela-objets » * selon ses propres termes, où les pièces sont les protagonistes de différents épisodes : expositions ou « ensemble-pièces ». Elles abordent le rapport au monde, peuplé des errances et des souvenirs, d’un personnage dénommé Victor **, artiste. Victor a actuellement quatre passions : le travail, la balade, la baignade et le sommeil. Chacune de ces activités se mêlent et s’entremêlent pour tisser la trame d’une œuvre foisonnante et passionnante, se développant dans la mise et remise en jeu de motifs et séquences d’objets ; à l’image d’un standard de jazz dont la version varie selon l’humeur, le goût et l’imagination du musicien. Les Baigneurs est ainsi à la fois un ensemble de pièces conçu pour l’exposition à Diagonale et la maquette des costumes d’un film en gestation .La construction des œuvres est libre d’appropriation, d’interprétation et d’engagement, et elle enclenche par là un scénario ouvert. Ici, si le titre évoque de fameux tableaux de Cézanne, le théâtre de pantins au bain que nous propose Victor Yudaev, nous embarquera à la fois dans l’absurde de Jarry *** et l’incongru de janvier, tout autant qu’il nous transportera dans la probable vitrine d’une enseigne de couture, très inspirée par le vêtement de travail de l’artiste ! Julie Rodriguez-Malti / Néon (Fr) Les Baigneurs est une exposition présentée dans le cadre du projet Conversations Montréal|Lyon |
Vues de l'exposition "Les Baigneurs" de Victor Yudaev, Diagonale, 2019 © Mike Patten
* Ici Victor Yudaev fait référence aux télénovelas. Ces feuilletons télévisés (ou téléromans au Canada francophone) originaires d’Amérique latine déploient généralement les romances et relations complexes d’une série de personnages en favorisant la tension narrative sur un nombre important d’épisodes.
** « J’ai commencé à écrire une histoire sur victor avant la naissance de victor. Depuis, victor&moi sommes vraiment proches, même si nous avons des vies différentes et ne nous sommes jamais rencontrés. Je sais à propos de Victor autant qu’il sait sur lui-même. Victor est un vrai penseur, et j’apprends beaucoup tant que victor vit et aussi bien par la façon dont il vit. Il parle rarement comme il n'a pas de patience pour les mots, et il est très occupé. Néanmoins, il est assez simple d'écrire sur lui, comme nous sommes souvent dans les mêmes endroits; il part toujours juste avant et parce que je viens, « victor vient de partir » mais il laisse beaucoup de choses, des pièces d'évidences, des traces - je vous remercie Victor - sont partagées presque partout. Et c’est moi qui doit les ramasser et faire face aux conséquences. Je suis victor presque partout, il est un grand marcheur, et passe beaucoup de temps en promenade. Je suppose qu'il est conduit par la simple curiosité, car il est difficile de reconstituer toutes ses pérégrinations dans un seul système. » (Extrait de Victor&moi, Victor Yudaev, 2017).
*** Poète, dramaturge et dessinateur français, Alfred Jarry (1873-1907) est surtout connu pour « Ubu Roi ». Son œuvre, expérimentale, complexe et radicale, le place comme précurseur du mouvement surréaliste et du théâtre de l’absurde. Il théorise notamment en 1896 sa volonté de détacher le théâtre de toute volonté d’imitation du réel et il fonde Le Théâtre des Pantins en 1897 avec le musicien Claude Terrasse pour quelques spectacles de marionnettes satyriques et fantasmagorique.
Michael A. Robinson, The Gift of Oblivion, 2018
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THE GIFT OF OBLIVION
MICHAEL A. ROBINSON 8.09 - 13.10 Vernissage 7.09,17h. « L’oubli, l’attente. L’attente qui rassemble, disperse ; l’oubli qui disperse, rassemble. L’attente, l’oubli. » Maurice Blanchot, L’Attente l’oubli The Gift of Oblivion est une tentative pour présenter des images et des idées dans leur état de devenir. Pour cette raison, toutes les œuvres de l’exposition sont « voilées », de diverses manières, matériellement et à travers des idées. Plus précisément, l’exposition met en avant les « débuts » créatifs plutôt que les « fins » ou leur aboutissement, dans l’espoir de générer des moments d’anticipation et d’animation suspendue. Autoanalytiques et réflexives, les installations et les images présentées naissent d’une « phénoménologie de tous les jours », susceptible de se développer à partir de n’importe quelle situation ou à tout moment (comme le fait de faire défiler les images sur Instagram ou de bouquiner dans une librairie). En explorant la matérialité de la lumière, « l’image » en tant qu’« objet », et la matérialité des titres, The Gift of Oblivion examine également des aspects moins fréquemment abordés de la matérialité sculpturale et leurs relations avec la pratique de l’installation en art contemporain. Pour Michael A. Robinson, il n’existe rien de plus satisfaisant que l’oubli dans lequel tout est possible. Un oubli dans lequel tous les objets sont également porteurs de potentiel et où la différence entre choisir ou fabriquer importe moins que de donner forme et poids au médium de l’expérience. C’est ainsi que l’oubli peut aussi être considéré comme un don. |
Vues de l'exposition The Gift of Oblivion, Diagonale, 2018 © Eric Cinq-Mars