Prochainement
↓
↓
Charline Dally, le disque de poussière (2023), verre thermoformé
|
THIS WOMB OF THINGS TO BE
Charline Dally 02.05 - 15.06 Vernissage - 02.05 à 18 h « il y a encore des graines à cueillir, et de la place dans le sac des étoiles » [1] Le travail de Charline Dally mêle approche scientifique et réflexion poétique pour tenter de déchiffrer les messages gravés dans des fragments de pierres lunaires datant de centaines de millions d’années. this womb of things to be se veut le réceptacle d’une archéologie du futur, une fouille géologique à l’échelle de l’infime pour repenser notre rapport aux minéraux, et plus globalement, au vivant. le disque de poussière allie des documents d’archives scientifiques, des modélisations en 3D et des commentaires de Hugues Leroux, chercheur en astrominéralogie, et d’Anne-Marie Blanchenet, ingénieure. Le filmprésente ces géolinguistes [2] alors que leurs tentatives d’interpréter l’information gravée dans la roche se heurtent parfois aux limites de leurs outils technologiques. Si l’observation microscopique de particules de météorites permet de comprendre leur structure, elle révèle aussi la fragilité du message gravé dans la matière, sous forme de lignes et courbes évoluant au gré des impacts et des changements thermiques. Les images de ces écritures s’animent afin de réfuter le caractère inerte du minéral : l’eau présente dans l’univers infiltre ces blessures et suture les plaies grâce à ses propriétés cicatrisantes. Inspirée par ce comportement résilient, Charline Dally propose une étude sémantique pour traduire, lire, puis narrer les récits des poussières qui sous-tendent la création et l’évolution du système solaire, dévoilant ainsi le vécu de ce qui nous apparaît figé, le mouvement dans la fixité. Pour prolonger notre immersion dans cette installation intimiste aux tissus flottants, des micas disposés sur des assises aux formes organiques constellent la salle. Ces entités requièrent une écoute attentive de leur prose silencieuse. Rappelant la théorie du récipient d’Ursula K. Le Guin, l’espace de Diagonale contient this womb of things to be, une sculpture en verre dont les fissures emplies d’eau renvoient à la mémoire des corps et au phénomène de guérison, facilité par la percolation de l’eau dans les interstices. Enfin, des compositions musicales à écouter dans un jukebox évoquant les multiples interprétations possibles d’une partition minérale et des archives de vues microscopiques s’ajoutent au corpus varié et sensible que Dally agence pour nous envelopper dans son univers. Face à une temporalité trop fugace pour l’esprit humain, à des unités de mesures vertigineusement abstraites, ou à la difficulté d’appréhender les prochaines découvertes exobiologiques, l’exposition en appelle à notre humilité en vue de surmonter la complexité du réel et de cohabiter, de devenir-avec [3], ensemble. Le temps creuse, façonne, il contient les traumatismes et les panse, aussi. [1] Ursula K. Le Guin, « Le Fourre-Tout de la Fiction, une hypothèse », Danser au bord du monde. Paroles, femmes, territoires. Trad. Hélène Collon, Paris, L’Éclat, 1986. [2] Ursula K. Le Guin, « L’auteur des grains d’acacia », Les quatre vents du désir. Trad. Philippe Rouillé et Martine Laroche, Paris, Press Pocket, 1988. [3] Donna J. Haraway, Vivre avec le trouble. Trad. Vivien García, Vaulx-en-Velin, Les éditions des mondes à faire, 2020. |